Un poison toxique au cœur de l’amande ?

Les aliments toxiquesVerra-t-on un jour une étiquette « Manger des Amandes tue » sur les paquets d’abricots, d’amandes amères, de fruits secs ou les bouteilles de cognac aux amandes ?

Du cyanure, un des plus puissants poisons, bien connu des agents secrets et des chercheurs d’or, serait en effet présent dans ces amandes. Taptoula mène l’enquête…

À l’heure du tout puissant « principe de précaution » et de ses multiples dérives, il ne serait en effet pas étonnant que des groupements de consommateurs ou de chercheurs paranoïaques fasse pression sur les pouvoirs publics, l’AFSA ou autre organisme de santé. Amandine du 38 se choppera-t-elle un jour une amende pour apologie de l’amande ?

Du Cyanure dans les amandes des fruits

Cyanure qualité filtre, ce n'est pas la peine d'en rajouterPour ceux qui ne le savait pas déjà (donc à part les agents secrets et autres unité d’élite, ils sont nombreux) l’acide cyanhydrique (HCN), aussi appelé cyanure possède l’odeur caractéristique de l’amande amère et est un des poisons les plus foudroyants existant (attention : 20 à 50% des individus seraient incapables de percevoir cette odeur). Ce n’est pas un hasard donc, que l’amande amère, qui est finalement ce qui sent le plus l’amande amère sur terre (à part peut-être l’échappement d’une Citroën Gamma GT, ou le mégot d’une cigarette fumée par une tortue) contienne elle même du cyanure, ou plutôt de l’amygdaline (le détail plus bas).

Extrêmement toxique, l’acide cyanhydrique est produit naturellement par certains végétaux, il est présent dans les cyanohydrines comme les mandelonitriles, et peut en être extrait par voies chimiques. Certains millepattes dégagent du cyanure d’hydrogène comme mécanisme de défense. Il est également contenu dans les gaz d’échappement des véhicules à combustion interne (et donc pas avec un moteur à air comprimé), dans la fumée de tabac et dans la fumée de combustion de certaines matières plastiques contenant de l’azote. Voilà pour la présentation de notre cher ami le cyanure.

La jolie amande, un cadeau empoisonnéC’est donc l’amygdaline (ou amygdaloside) qui est en cause ici, c’est une vitamine que l’on trouve dans de nombreuses espèces végétales (notamment dans les amandes amères, noyaux de cerises, abricots, prunes et pêches, dans les les feuilles de cerisier et de laurier-cerise, dans les noix de cajou, le manioc, le sorgho, le sureau hièble, les pépins de pommes, les céréales complètes, le riz complet, le jaune d’oeuf, la levure de bière).

Sous l’action de l’organisme (une enzyme de notre système digestif : ß-glucosidase) l’amygdaline se décompose finalement en un des poisons les plus foudroyants existant : Le Cyanure (comme par hasard !). L’acide cyanhydrique libéré est ensuite détoxifié par l’enzyme rhodanèse en une molécule de sulfocyanate beaucoup moins toxique (mais plus dure à prononcer, et beaucoup moins glamour).

D’ailleurs il est interdit de donner des amandes (fruits secs et amandes d’abricots) aux écureuils, ainsi qu’aux Tanukis, ça les tuerait sévèrement, et c’est pas sympa (vaut mieux les torturer, comme pour la fabrication du foie gras, ou la tauromachie, ça dure plus longtemps).

Modération ou législation ?

Les premiers symptômes de l’intoxication sont : anxiété, céphalée, vertiges, confusion, palpitations, hyperventilation. Ces signes peuvent malheureusement évoluer rapidement vers l’agitation, le coma, l’hypotension, la bradycardie, les convulsions, l’arrêt respiratoire et le décès en quelques minutes s’il s’agit d’une intoxication sévère.

En cas d’empoisonnement, même si la victime est une lycéenne japonaise en petite culotte, il ne faut pas pratiquer le bouche-à-bouche (risque d’intoxication). Un des antidotes est l’hydroxocobalamine qui est la forme naturelle de la vitamine B12 (présente en bonne quantité dans les abats animaux, foie et rognon notamment). Elle agit dans l’intoxication au cyanure en remplaçant un groupement hydroxyle de sa molécule par un groupement cyano, produisant ainsi de la cyanocobalamine qui est éliminée dans l’urine. Une molécule de OHB12 fixe une molécule de cyanure, d’où la nécessité d’utiliser de fortes doses d’hydroxocobalamine (en se gavant de foie de boeuf de kobe par exemple).

Les futurs paquets d'amandes arriveront bientôt sur les étalsMais effectivement on ne risque rien à en consommer quelques amandes de temps en temps. Attention toutefois à ne pas confectionner une crème quelconque avec les noyaux de 80kg d’abricots et à la manger en une seule fois!

Les symptômes d’empoisonnement à l’acide cyanhydrique apparaissent à partir de 400 mg d’amygaline par Kg de poids corporel, ce qui chez un adulte de 70 Kg correspond à environ 50 noyaux d’abricots ingérés dans un bref laps de temps. Si par contre leur consommation s’étale sur plusieurs heures, rien n’est à craindre car l’organisme élimine progressivement l’acide cyanhydrique.

On y revient toujours finalement, modération, modération… une vertu qui se fait rare dans nos sociétés ultra sécurisées, ou tout est principe à légiférer, sanctionner ou interdire. La surenchère sécuritaire, le pseudo principe de l’ultra-précaution, la légifération galopante, dédouane finalement le pauvre humain de son libre arbitre et de son développement intellectuel.

Et si les dérives législatives de ces dernières années n’étaient là que pour offrir un peu plus de temps de cerveau disponible aux consommateurs de Caco-calo aux amandes ? La loi, ennemie de la raison ?