Père & Fils, William et Lee AdamaLa programmation française est parfois incompréhensible. Depuis des années M6 diffusait « Stargate » en prime time jusqu’à l’écroulement de l’audience qui intervint en saison 7 et voilà qu’elle dispose dans ses cartons de la meilleure série de science fiction américaine jamais créée, avec une foule d’acteurs charismatiques, un scénario intelligent, toujours à suivre, complexe qui dévoile peu à peu l’histoire d’humains rescapés d’un génocide organisé par les Cylons, robots conçus par l’espèce humaine et Némésis de leur propre créateur.

 

Le Battlestar GalacticaM6, donc, se borne à ne diffuser que le pilote de cette fabuleuse saga. Il vous reste à vous jeter sur les trois premières saisons sorties en DVD même si là aussi, la déception est au rendez-vous : sous-titres tout juste bons (on s’éloigne souvent du sens premier en anglais, exemple : « Commander why are you launching your Vipers ? », traduit par « Commandant quel est le sens de cette manoeuvre ? », « Can I speak to my XO, please ? » traduit par « Laissez-nous tranquilles, s’il vous plaît »), suppléments pauvres (juste les scènes coupées au montage), interface simpliste (menus à images fixes). Si vous êtes bilingue, achetez plutôt les box américains bien plus complets ou abonnez-vous à la chaîne Sci-Fi France.

 

Mais qu’est-ce que Battlestar Galactica ? En voici le pitch en quelques lignes : Les Cylons ont été créés par l’homme. Après des années de bons et loyaux services, les Cylons se révoltent contre leur créateur entraînant la première grande guerre galactique entre hommes et robots (ce thème n’est pas sans nous rappeler les œuvre d’Asimov). Quarante ans après l’armistice, les Cylons, qui ont évolué et peuvent désormais avoir forme humaine, lance une attaque sans précédent contre les douze colonies éradiquant la quasi-totalité de l’humanité.

 

De gauche à droite, Saul Tigh, Présidente Laura Roslin, Commandant William Adama, Lee Adama, Gaïus Baltar, Kara Thrace alias Starbuck, Karl Agathon alias Helo, Number 6, Sharon Valerii alias Boomer. Les derniers survivants (environ 50000 mais un décompte très précis se fait à chaque générique s’il y a eu des pertes ou des naissances) s’organisent en une flotte hétéroclite de vaisseaux coloniaux avec à leur tête le Commandant Adama (Edward James Olmos) en charge du Battlestar Galactica (qui résiste à l’attaque cylonne car ancien modèle et donc non lié au réseau qui relie tous les vaisseaux de classe Battlestar) et Laura Roslin (Mary McDonnell), nouvelle présidente en chef des douze colonies.

 

Devenue espèce menacée, la meute humaine n’a plus qu’un seul but : retrouver la treizième colonie légendaire, la Terre, en tentant d’échapper aux Cylons…

 

Lee Adama (Jamie Bamber)Battlestar Galactica est une série haletante où l’on enchaîne les épisodes pour découvrir et comprendre le plan des Cylons, pourquoi ils ont lancé cette attaque, quel est leur véritable but. La série est riche en rebondissements et en situations épiques. Certaines batailles spatiales sont dignes d’un Star Wars et on a parfois l’impression d’être dans un film. Les acteurs jouent merveilleusement bien (Edward James Olmos (Bill Adama) et James Callis (Gaïus Baltar) en tête) et la technique du « shake-cam » donne un côté immersif à l’action avec une caméra toujours en mouvement. De plus BG ne connait pas les problèmes de cohérence affiliées à certaines séries comme « Star Trek » ou « Stargate« . Au contraire des spin off de « Star Trek« , BG est un remake de la série éponyme de 1978 et non pas une suite. Si elle en reprend les personnages, les thèmes développés sont bien différents et plus profonds que la première série qui ne faisait que survoler la psychologie des protagonistes et reste au final très kitsch. Le fait que « Star Trek The Original Series » soit intégré dans la chronologie des séries Star Trek suivantes, entraîne des incohérences technologiques qui seront flagrantes lorsque « Star Trek Enterprise » tentera de raconter ce qui se passa bien avant James T.Kirk et Monsieur Spock.

 

Présidente Laura RoslinEnsuite le problème de communication : dans Stargate tous les extraterrestres confinés au fin fond de la galaxie parle… anglais. Si le problème est résolu dans Star Trek grâce à un translateur universel, il ne l’est absolument pas dans Stargate. Teal’c rejoint et sauve l’équipe du SG1 après un dialogue avec le général O’Neil qui lui dit qu’il peut sauver tout le monde. Teal’c lui dit qu’il le croit. Imaginons que Teal’c ne parle pas anglais, il n’y aurait pas eu de série Stargate. Dans BG, il y a les humains et les Cylons uniquement. Les humains parlent leur langue et leur création, les Cylons, la parlent également ce qui semble logique.

 

Dernier avantage de la série enfin, c’est qu’elle est dotée pour le moment de 3 saisons palpitantes ainsi que d’un téléfilm relatant les aventures passées et présentes du « Battlestar Pegasus« . Alors que la quatrième saison va enfin débuter aux Etats Unis après une longue attente due à la grève des scénaristes, elle sera aussi la dernière. Nous avons donc une série finalement assez courte mais qui ne s’étire pas éternellement en longueur ce qui permet de conserver l’intensité dramatique, là où Star Trek ou Stargate ont beaucoup perdu à force de vouloir faire perdurer leur mythologie.

 

BG est donc la série de SF qui a su éviter tous les travers et qui gagnerait tant à être plus reconnue en France (même si elle a heureusement son noyau de fans). Elle pose, selon moi, deux grandes questions philosophiques « l’espèce humaine mérite-t-elle de subsister ? » « Est-ce Dieu qui a créé l’homme ou l’homme qui a créé Dieu ? » et rejoint les grands chefs d’œuvre littéraire de SF que sont Le cycle de Dune de Frank Herbert et Hypérion de Dan Simmons.