Fuir, se cacher, pour ne pas avoir à regarder ce film.Il y avait longtemps que j’avais envie de m’exprimer sur ce film qui a bouleversé l’Espagne, puis le monde… La mise en route de cette critique m’est venue aujourd’hui en voyant que les Américains terminaient le remake de cette oeuvre mineure : Angéla et Pablo sont deux gentils journalistes qui font des reportages pour l’émission « Pendant que vous dormez ». Les mignons reporters vont cette fois dans une caserne de pompiers afin de suivre de charmants hommes en uniformes dans leurs différentes opérations de sauvetage. Alors que l’alarme retentit, on suit les pompiers et la gentille équipe partir à la rescousse d’une mamie qui ne se sent pas très bien. Sur le palier de l’immeuble, beaucoup de gens sont réunis, ils ne savent pas, ne comprennent pas ce qui se passe. On arrive enfin dans l’appartement de la gentille mamie, qui fait un peu d’exhibitionnisme. On sent pas du tout le truc arrivé et là, c’est le drame : premier éclat de rire. Ah, c’est pas un film comique ?

Dis donc toi, c'est très vilain de tirer la langue.La première chose de choquante dans « Rec », c’est que j’ai dû sursauter une fois et que je n’ai pas pu m’empêcher de rire tout au long du film, tellement c’était trop, tellement c’était gros. Ce mauvais remake de Resident Evil qui a au moins le mérite d’être plus en phase que les adaptations cinématographiques du jeu, est bourré de poncifs et de lieux communs. Il n’y a aucune originalité dans ce vrai-faux film tourné en caméra subjective, format DV et là où Blair Witch était beaucoup plus angoissant et réaliste, Rec est tout, sauf crédible. Ça crie trop, les acteurs sont toujours en mode hystérique et semble à chaque fois vouloir se précipiter exprès dans la gueule du loup. On voit le situations arriver à dix mille kilomètres et on se serre le ventre, avant que ça commence à hurler. C’est presque un soulagement quand un des pompiers fait taire la mamie avec un bon coup de pelle dans la figure, un des rares cadeaux de répit offert au spectateur dans ce concert de hurlements.

 

En plus, les habitants de l’immeuble sont tous des clichés : le gars un peu raciste, les asiatiques qui parlent pas bien espagnols, le gars sympa qui gère la situation, les petits vieux,… L’héroïne est elle-même le cliché de la journaliste intègre, qui fait tout pour que son cameraman continue de filmer, pour que les gens voient la vérité !! La population doit savoir ! Et la liberté de la presse, hein, vous connaissez ?! D’ailleurs le cameraman assumera ses responsabilités jusqu’au bout, quoi qu’il arrive, à croire qu’on lui a collé une caméra dans l’oeil avec un tube de super glu. D’ailleurs, ça n’est pas en faisant tourner l’objectif dans tous les sens et en tentant de nous faire gober que le caméraman, avec une tonne de monstres aux fesses, a le cran de continuer à tourner quitte à gêner son champ de vision, que cela va faire monter l’adrénaline. Si vous voulez vraiment de l’angoisse, allumez la télé à 20 heures tous les soirs, vous aurez votre dose de frissons quotidienne et là, c’est du réel !

 

La mamie championne de 100 mètres en appartementPersonnellement dès que ça n’est plus subtil, dès qu’on enfonce le clou pour faire mal ou pour faire peur, moi, paradoxalement, ça me fait rire. On ne le répétera jamais assez : pour faire monter l’angoisse, rien ne vaut le non-dit, l’entraperçu, le suggéré, plutôt que de la sauce tomate à tout va. Dans Rec, tout est brutal, asséné, on passe du reportage classique gentillet à l’horreur sans la moindre nuance.

 

A la fin du film, ce qui est censé être une révélation quant à l’origine du mal, est un véritable pétard mouillé, répondant encore bien aux poncifs du genre. Quitte à faire une oeuvre cinématographique qui fait peur, autant s’en donner les moyens et travailler l’image et la mise en scène, plutôt que de faire un faux vrai-truc pour qu’on se dise que si ça se trouve c’est peut être vrai. N’est pas Blair Witch qui veut.

 

Quand je vois le nombre de récompenses obtenu par ce film, dont celui de la meilleure actrice (comme quoi, crier et hurler ça rapporte) et que les américains en font un remake, c’est parfois à désespérer. Allez vite, un bon Romero pour oublier.