Il était une fois, une tomate petite, fragile et pâle. Elle était née le 5 décembre et s’appelait Blanchette. Elle était bien consciente de son existence, et le monde dans lequel elle se trouvait lui paraissait triste et terne.

Le monde de blanchette

Tous les jours, Monsieur Nicolas S., portant une blouse et des lunettes, sentant fortement le café Starbucks et le Big Mac, venait lui apporter son repas: il s’agissait d’un subtil mélange peu ragoûtant contenant toutes les substances nutritives dont elle avait besoin. Le sol sur lequel elle se trouvait lui était fort désagréable et démangeait ses racines: elle était en effet allergique à la laine de verre. Le soleil ne se couchait jamais et les conditions climatiques étaient chaque jour identiques. En 3 semaines, Blanchette avait déjà bien grandit (la rapidité de sa croissante lui avait causé de nombreux problèmes à la colonne vertébrale) , mais sa couleur demeurait inchangée. Chaque jour, M. Sa…, venait lui faire sa petite piqûre afin de lui donner meilleure mine (un peu comme une injection de collagène dans les lèvres d’une vieille dame vêtue d’un sublime manteau en peau de léopard).

Un jour, sans crier gare, M Sar…, vint et arracha notre frêle blanchette de sa branche pour la mettre dans un cageot avec d’autres de ses camarades.

On l’emmena alors sur un marché, le marché des lices. Quelle stupeur et tremblement ! Elle n’avait jamais connu d’aussi agréables sensations. Une légère brise faisait doucement gonfler ses cheveux, l’odeur de la galette saucisse et du lait ribot lui embaumaient le coeur, mais le plus troublant était sans aucun doute la vue de ce ciel ensoleillé. Sur le stand d’à coté, tenu par une homme simple, un certain monsieur José B., portant moustache et beret (et une baguette sous le bras aussi),  sentant fortement la boulette d’Avène et le pinot noir, se trouvait un potimarron. Il s’appelait Poil de carotte (pas facile à porter pour un potimarron), il était mince, il était bio, sentait bon le sable chaud. On l’avait laissé manger à sa faim, sans contrainte, contrairement à notre petite Blanchette. Ils entamèrent une discussion, après de succinctes présentations: elle voulait tout savoir (Nathalie traduisait) le vent, la pluie, le soleil, les rires des enfants de 4-6 ans, ils ont tout mélangés. Elle était stupéfaite: pourquoi savait-elle si peu de choses? pourquoi n’avait-elle pas eu la vie de Poil de carotte? Poil de carotte lui révéla la triste vérité: l’homme (ignorant) ne peut se passer de tomates pour les fêtes de Noël, c’est pourquoi Nicolas Sark… avait créé cette juteuse affaire de tomates hors sol avec son meilleur ami le Général K… Les deux compères, qui travaillaient plus pour gagner plus, pouvaient ainsi renflouer les caisses d’un parti occulte (et oui, même dans les contes, tout est politique !)

Poil de carotte, le petit potimarron bio, qui fleure bon la chataigne et la France.

La morale de cette histoire (la rirette, la rirette) c’est qu’il faut taper tout la les produits de saison et éviter les tomates de Noël.

Spéciale kasdédi à ma biatch pour ses nombreuses lectures, relectures et bien sur corrections d’orthographiques (et pour sa gentillesse, sa simplicité et sa grande beauté!!)