Un jeu fluide, offensif, à une touche de balle : le jeu à la Nantaise, la référence internationale du football moderne

Le FC Nantes, le club le plus mythique du football françaisProfitons du retour du Football Club de Nantes Atlantique (FCNA) au premier rang national, avec sa remontée éclair en Ligue 1 de football après un court séjour purgatoire et nécessaire en Ligue 2, pour revenir sur un des aspects qui a fait grandir la légende de ce grandissime club de foot : le jeu à la Nantaise

Genèse du jeu à la Nantaise

Revenons tout d’abord en 1962 : Marcel Saupin, président du FCN désespéré de se traîner au milieu du classement de D2, engage son 42ème coach en 20 ans (environ) : José Arribas.

Jean Claude Sueaudeau, joueur sous les ordres de Jose ArribasNé le 16 janvier 1921 à Bilbao, cet immigré espagnol qui a fuit la guerre civile va façonner la moyenne équipe de Nantes de l’époque à son image : celle de la loyauté, de la correction, de l’amour de l’offensive, du beau jeu et de la modestie, armes qui lui ont permis de sortir de l’ombre et de se faire une place de choix dans le football français.

Comme il est alors difficile de demander à son effectif de D2 de multiplier les exploits individuels, il invente un jeu collectif rapide et efficace, sans nécessiter d’engager les meilleurs joueurs du monde que l’on pourrait résumer ainsi  : vitesse, technique et intelligence.

Le terme jeu à la nantaise est ainsi inventé par les journalistes sportifs dans les années 1960 du football français lorsque le FC Nantes alignait les bonnes performances en produisant ce jeu offensif à une touche de balle, fluide, et des plus agréables à regarder.

Retour en vidéo sur les grands moments de jeu du club :

Mais comment définir ce magnifique et légendaire jeu à la Nantaise ?

La grande équipe de 1993/1994On peut dire qu’il se caractérise principalement, en phase offensive, par l’anticipation sur l’action du porteur du ballon, les appels, la recherche du partenaire démarqué, la passe sans contrôle en utilisant le plat du pied, les une-deux et courses croisées, et les montées et descentes en bloc le long du terrain. Ce type de jeu initié par José Arribas fut également mis en place au Liverpool FC, à la meilleure période, sous la houlette de Bill Shankly.

Selon Jean Claude Suaudeau (aka Coco Suaudeau) qui perpetua le système de jeu et l’optimisa, l’idée forte consiste, non pas à chercher à remporter les duels, mais plutôt à les éviter par un jeu de passe qui anticipe le comportement des joueurs adverses. Comme « le ballon ira toujours plus vite que n’importe quel joueur », c’est le ballon, et non le porteur de la balle, que l’on fait courir.

Les « courses sans ballon » rapides et précises sont alors primordiales mais demandent en revanche aux joueurs un surplus d’effort, comparativement à un système de jeu plus classique.

Selon les spécialistes du football, c’est durant les périodes 1973-1983 et 1992-1997 (avec notamment Ouedec, Loko, Pedros, Karembeu, Makelele, …) que le FC Nantes a développé ce jeu de la façon la plus spectaculaire et la plus aboutie.

Les trois coachs maitrisant le jeu à la NantaiseAprès le départ de Coco Suaudeau, Reynald Denoueix essaya de perpetuer l’esprit du jeu à la Nantaise, et remporte ainsi un titre de champion de France, en pulvérisant par la même occasion, tous les records établis. Les spécialistes s’accordent à penser que le jeu à la Nantaise n’est depuis son départ, plus pratiqué à Nantes faute d’entraineur maîtrisant cette manière de jouer et de joueurs capables de l’appréhender.

Dans l’optique du « jouer juste », les grands artisans de ce jeu flamboyant (Arribas et Suaudeau) privilégiaient à l’entraînement les jeux sans ballon, favorisant le mouvement et l’intelligence du positionnement ou encore des jeux sur petits périmètres pour parfaire sa technique. Un bon footballeur « à la nantaise » doit connaître ses partenaires, leurs mouvements favoris notamment. Dans cet optique, comme le répétait à l’envie Raynald Denoueix, rien ne vaut l’entente entre deux joueurs, pas même une star du ballon rond. Le collectif prime sur l’individuel, car c’est dans ce collectif que l’individu peut s’exprimer et apporter sa pierre à l’édifice durant les 90 minutes.

Revoyons un but typique de ce système de jeu, marqué contre le PSG :

Aussi, dans le cadre de cette « philosophie » nantaise, on rappelle que le succès ne doit pas être une objectif mais la conséquence du travail et d’un état collectif (un peu comme dans une séance de Bukkake).

Les supportes nantais sont parmi les plus fidèles !Plus généralement, les journalistes parlent aujourd’hui d’une équipe qui joue « à la nantaise » lorsque ses joueurs parviennent collectivement à développer un jeu fluide, enchaînant rapidement actions offensives et buts. Autrement dit, pour bon nombre de journalistes, il suffit de faire trois passes sans contrôle pour jouer à la nantaise. Le terme est donc bien souvent galvaudé.

Bref, le vrai jeu à la Nantaise, ça tape tout là !